NURSE



Le métier de nurse à la Belle Époque en France : entre soin, domesticité et féminisation
À la Belle Époque (fin XIXe – début XXe siècle), le métier de nurse en France désignait principalement une femme chargée de s’occuper des enfants dans les familles bourgeoises. Mais ce rôle s’inscrivait dans un contexte plus large d’évolution des professions soignantes et éducatives.
Le terme "nurse" vient de l’anglais et s’est popularisé en France pour désigner une gouvernante ou nourrice spécialisée dans les soins aux enfants.
Elle assurait l’hygiène, l’alimentation, l’éducation précoce et parfois même l’enseignement de l’anglais dans les familles aisées.
Son rôle était souvent confondu avec celui de la bonne d’enfants, mais la nurse bénéficiait d’un statut légèrement supérieur, parfois formée à des méthodes pédagogiques modernes.
En parallèle, le métier d’infirmière se professionnalise : en 1902, un décret impose la création d’écoles laïques d’infirmiers et infirmières.
Le soin devient une activité valorisée, notamment grâce à des figures comme Désiré-Magloire Bourneville, qui milite pour une reconnaissance du métier.
Les nurses, bien que non infirmières, s’inscrivent dans cette dynamique de féminisation et de professionnalisation des métiers du care.
Formation et reconnaissance
À partir de 1878, des écoles d’infirmières laïques sont créées, influencées par les modèles britanniques comme celui de Florence Nightingale.
Les nurses, souvent recrutées parmi les jeunes femmes instruites, devaient savoir lire, écrire et comprendre les ordonnances médicales pour prodiguer des soins élémentaires.
Le métier de nurse était ambivalent : à la fois valorisé dans les milieux bourgeois pour son rôle éducatif, mais aussi perçu comme une forme de domesticité.
Les nurses vivaient souvent au sein des familles, dans une position de proximité mais aussi de subordination.

À Paris, vers 1905, dans un hôtel particulier du boulevard Haussmann, vivait une riche famille de la haute bourgeoisie. Madame de V., veuve d’un industriel du textile, élevait seule ses deux enfants. Elle avait engagé une nurse anglaise, Miss Edith, réputée pour sa rigueur victorienne et son impeccable français teinté d’un charmant accent.
Miss Edith était adorée des enfants, respectée du personnel, et... secrètement courtisée par Monsieur le Précepteur, un jeune homme engagé pour l’éducation des garçons. Mais ce n’est pas là que l’histoire devient croustillante.
Un soir, alors que Madame de V. organisait un dîner mondain, un invité un certain baron belge reconnut Miss Edith. Il s’étrangla dans son consommé à la truffe :
« Mais… n’était-ce pas vous, chère lady, qui chantiez dans les cabarets de Bruxelles sous le nom de Lily la Rose »
Silence glacial. Miss Edith pâlit. Les domestiques figèrent. Madame de V. posa sa coupe de champagne.
Il s’avéra que Miss Edith avait en effet été chanteuse dans un cabaret réputé pour ses spectacles... suggestifs. Elle avait fui cette vie après une liaison scandaleuse avec un diplomate marié, et s’était réinventée comme nurse en France, profitant de la fascination française pour les gouvernantes anglaises.Madame de V., d’abord outrée, finit par éclater de rire.
« Eh bien, au moins mes enfants auront le sens du rythme ! »
Miss Edith conserva son poste. Le baron, lui, ne fut plus jamais invité.